Le Mat marche sans but, son baluchon sur l’épaule, son chien fidèle gambadant à ses côtés. La nuit est tombée, douce et silencieuse. Il s’est perdu quelque part entre les mondes, là où chaque pas ouvre une voie nouvelle, mouvante et incertaine.

Soudain, une lueur douce, presque irréelle, apparaît. Au bord d’une rivière argentée, une femme nue verse délicatement l’eau de deux cruches : l’une dans le fleuve, l’autre sur la terre. Ses longs cheveux scintillent sous le ciel constellé.

« Qui es-tu ? » demande Le Mat, curieux, s’approchant à petits pas.

L’Étoile lève les yeux, un sourire mystérieux sur les lèvres.
« Je suis l’espoir, le guide dans la nuit. Et toi, voyageur sans fin, que cherches-tu ? »

Le Mat hausse les épaules.
« Je ne sais pas. Je marche pour marcher, pour sentir le vent, pour rêver. »

L’Étoile rit doucement.
« Alors, reste un moment. Regarde le ciel. Écoute l’eau. Tu verras : parfois, même ceux qui n’ont pas de but trouvent des merveilles en chemin. »

En vérité, Le Mat et L’Étoile forment un couple parfait dans le tarot. Lui, c’est l’insouciance, l’élan de liberté, l’âme qui avance sans peur du vide ; elle, c’est la foi douce, la lumière qui éclaire les rêves et apaise les doutes. Ensemble, ils incarnent le voyage intérieur : il marche vers l’inconnu, elle lui rappelle que l’univers veille sur lui. L’un sans l’autre serait incomplet — l’aventure sans espoir, ou l’espoir sans mouvement.

Le Mat s’assoit près d’elle et pose son sac. Ensemble, ils contemplent les étoiles. Pour la première fois, Le Mat ne ressent plus le besoin de repartir. Peut-être que, pour cette nuit au moins, il peut simplement être là.

Et au fil des nuits suivantes, il revient. Chaque soir, ils parlent, rient, partagent des silences doux. Petit à petit, entre ses pas vagabonds et sa lumière tranquille, un fil invisible se tisse. Sans s’en rendre compte, ils tombent amoureux. Lentement. Naturellement. Comme si les constellations avaient écrit leur histoire bien avant leur rencontre.